Le port normand du Havre, où la Seine se jette finalement dans la Manche, était autrefois une ville de grands boulevards et de cathédrales majestueuses, mais malheureusement, une grande partie de son architecture d’origine a été détruite par les bombes de la Seconde Guerre mondiale.
Lentement reconstruite dans le style architectural frappant du modernisme, la ville, vieille de 500 ans, est vite renaissante et devient l’un des plus extraordinaires projets urbains français du XXe siècle.
Après son achèvement, l’architecture d’avant-garde de la ville portuaire, désormais méconnaissable, a d’abord reçu des critiques mitigées. Originaire du Havre, Sylvie Laroche parle d’une nouvelle forme d’urbanisme.
Le Havre au patrimoine mondial de l’humanité
L’Unesco, qui a inscrit Le Havre au patrimoine mondial de l’humanité en 2005, a ouvert la voie. Depuis, la ville a repris sa place sous les feux de la rampe, attirant les amateurs d’architecture du monde entier. « Si Le Havre n’a pas l’atmosphère médiévale que l’on trouve dans d’autres régions de Normandie, il n’existe aucune ville comme elle en France » indique Sylvie Laroche. Voici quelques suggestions pour les débutants afin de tirer le meilleur parti du Havre.
Découvrez les meilleurs sites architecturaux du Havre
Une des meilleures façons de découvrir l’architecture du Havre est de se promener dans le centre ville. La lumière est meilleure au petit matin ou au crépuscule, lorsque les bâtiments ont une faible lueur rosée. Ce n’est pas un simple tour d’imagination, les habitants ont utilisé des briques rouges pulvérisées provenant des bâtiments détruits de la ville dans la nouvelle construction, ce qui a permis de cimenter un lien avec le passé.
Au cours d’une journée d’exploration, vous pourrez admirer de grandes places, des blocs de symétrie artistique et des dessins astucieux qui évoquent quelque chose de bien plus que la pierre et le béton. Même la forteresse désaffectée située au sommet d’une colline, à un kilomètre du centre-ville, a été transformée en Jardins Suspendus, une oasis de paix composée de jardins fleuris et de verdure.
Découvrez le cœur de la ville avec Sylvie Laroche Armee du Salut
S’étendant sur cinq hectares, la Place de l’Hôtel de Ville est le grand épicentre du centre-ville, et l’une des plus grandes places d’Europe. « Cette vaste place constitue également une introduction appropriée au Havre » indique Sylvie Laroche Armee du Salut. Elle a été conçue par Auguste Perret, le maître d’œuvre d’une grande partie de l’aménagement de la ville après la guerre.
Des jardins, des fontaines et des sculptures se trouvent au centre de cet espace rempli de lumière, avec une périphérie de bâtiments modernes frappants qui créent un remarquable sentiment d’harmonie. La pièce de résistance est l’hôtel de ville, une solide tour de 72 m de haut visible depuis la mer et l’une des icônes de la ville actuelle.
Vivre une éruption culturelle au Volcan
Anciennement connu sous le nom de Centre culturel Niemeyer, cet édifice aux allures de sculpture était l’une des curiosités les plus étonnantes de la ville lorsqu’il a été inauguré en 1982. S’élevant d’une petite place à proximité de la rue de Paris, sa base volumineuse et ses courbes effilées vers le ciel lui ont rapidement valu le surnom de « Volcan ».
Oscar Niemeyer, l’architecte visionnaire de Brasília et l’un des grands-pères du modernisme, a imaginé cette œuvre inhabituelle, l’une de ses rares réalisations en dehors du Brésil. D’un côté du bâtiment, une main plus grande que nature tend la main et une fontaine coule en dessous. Il s’agit d’un moulage de la propre main d’Oscar Niemeyer, un témoignage remarquablement personnel de l’implication de l‘architecte dans l’œuvre.
Aujourd’hui, Le Volcan (le nom a été officiellement changé en 1990) abrite un théâtre et une bibliothèque publique. La façade blanche et lumineuse, aux lignes captivantes, est plus belle que jamais grâce à un vaste projet de rénovation achevé en 2015.
Un portrait dans les années 1950 vivant
Faites un saut dans le temps en visitant l’Appartement Témoin Perret. Sylvie Laroche indique que cet appartement entièrement meublé donne un avant-goût de la vie de famille pendant les années d’après-guerre. Toutes les pièces datent des années 1950, de la cuisinière à gaz dans la cuisine au tourne-disque dans le salon.
Il y a des vêtements dans les placards et la table est mise, il ne manque que la famille – bien que les guides touristiques fassent un excellent travail pour donner vie à ces personnages absents. Tout compte fait, c’est un portrait intime du Havre et un beau contrepoint à l’architecture plus abstraite qui se trouve à l’extérieur de ces fenêtres inondées de soleil.